Rappel des faits
Pendant tout l’été, HUM ! – le journal de la Cantine initié par le Parti Poétique d’Olivier Darné en collaboration avec Emmanuelle Roule (conception graphique + coordination) et Valérie de St-Do (pour les écrits) – présentait les portraits d’agriculteurs, d’artistes, de citoyens œuvrant pour la valorisation et l’expérimentation d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement et des nombreuses alternatives pour cultiver, élever, produire et manger autrement.Le Forhum invite à partager les réflexions et questionnements autour du « consommer responsable » d’artistes, de producteurs, maraîchers, chercheurs et associations. Loin d’une vision alarmiste, ces spécialistes aborderont de manière constructive les perspectives et solutions liées au monde de l’agriculture et plus largement au devenir de notre environnement. Ces contributions seront regroupées dans l’édition d’un numéro double de HUM ! à paraître en novembre 2013.
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La révolution des cultures
Des chercheurs, penseurs, agronomes, qui expérimentent et font, des maraîchers, éleveurs, vignerons, cuisiniers, artistes qui cherchent. L’une des singularités du For’Hum des 27 et 28 septembre, appréciable et appréciée, fut de ne pas séparer la pratique de la réflexion, la théorie de l’expérience. Poussons la métaphore jardinière jusqu’au bout : chaque participant en fut au choix, fut l’arbre d’une forêt en marche, ou l’herbe tenace perçant le béton. Ça germine, ça pousse et ça essaime sur un terrain pourtant dévasté, où il est urgent de multiplier et de réunir ces expériences.
par Valérie de Saint-Do, auteur et journaliste.
En ouverture de deux journées denses, il revenait à Roland Vidal (voir la rubrique biographie plus bas)*, agronome, de planter le décor, avec une histoire (très) accélérée de l’agriculture et de ses relations avec la ville, avant que celles-ci ne deviennent lointaines sinon inexistantes. Au risque de quelques formules décoiffantes mais explicables et expliquées, telles que « Il n’y a pas d’agriculture durable sans ville, parce que l’agriculture nécessite des outils. L’industrie agroalimentaire a précédé l’agriculture ! ».
L’un des fils d’Ariane de ces deux jours était tendu : villes/campagnes, même combat ! Au risque du LARBIN (laboratoire d’Agroécologie régional et de Binage Inutile et Naturel), voire du LUPANAR (Laboratoire Urbain Pour une Agriculture Naturelle et Anti-Ringarde) imaginés par Romaric Perrocheau*, directeur du Jardin des plantes de Nantes et modérateur de plusieurs des débats.
Combat contre qui, contre quoi ? La tonalité de ces deux jours s’est voulue tout sauf catastrophiste. Les constats douloureux, chacun les partagent, qu’ils soient évoqués par l’éleveur Guillaume Douaud* à propos de l’élevage intensif, ou par Olivier Darné et le Parti Poétique* quand aux risques pesant sur « le service public de pollinisation » rendu par les abeilles. Mais le Forhum a maintenu la boussole entre deux récifs : celui de la dénonciation et celui de la leçon de morale. Pour l’ensemble des participants, qui appliquent peu ou prou les préceptes de Vandana Shiva (1), combattre, c’est faire, chercher, expérimenter. Sans doute est-ce précisément cet arrière-fond inquiétant, entre catastrophe environnementale annoncée et désarroi social, qui stimule l’énergie des chercheurs-résistants de tout poil. S’il faut croire les maraîchers et viticulteurs qui théorisent les bienfaits du stress sur les légumes et sur la vigne, extrapolons leur propos, pour constater que les catastrophes annoncées stimulent l’invention !
Et le « terrain de résistance », cela commence dans son jardin, Yves Gillen*, qui met de longue date en œuvre au quotidien les principes de la décroissance rappelés par Vincent Liégey*, en offre un bel exemple. Et au vu des expériences détaillées ces deux jours, les gouttes d’eau des Colibris*, commencent à composer un arrosage conséquent, des Incroyables comestibles de Todmorden(2) à l’expérimentation de monnaies locales, de la Ferme du Bec Helloin aux vignobles naturels de la Vallée de la Loire chantés avec lyrisme et humour par le barde Sébastien Barrier* dans Savoir enfin qui nous buvons
Expérimenter, creuser, attendre que ça pousse…
Mais dès que l’on parle d’arrosage, on entre dans le détail. Et l’un des autres axes forts de ces journée c’est la multiplicité et la diversité des initiatives. Cela suscite du débat passionné entre le bien fondé de certaines pratiques: « compost or not compost ? » mobilisa quelque temps la discussion du samedi après-midi. Le paysage des alternatives est heureusement plus proche de l’archipel que du jardin à la française. On cherche, au risque de l’écueil, du recommencement, voire du ratage (rarement évoqué). Et c’est une démarche qui relie le maraîcher à l’agronome et le viticulteur à l’artiste. Il s’agit non seulement de décoloniser les imaginaires, mais d’en proposer de nouveaux, et là, le plasticien ou l’architecte a sa place à tenir aux côtés du scientifique et du jardinier. Rien de surprenant alors à ce qu’ils soient nombreux à partager ces débats, les artistes qui ont mis les mains dans le cambouis, du moins dans la terre de Thierry Boutonnier* et sa pépinière à Dominique Leroy* et ses multiples laboratoires au sein d’Ecos. Et c’est une vraie respiration, une poussée vers les frondaisons, qu’offre le dialogue entre Francis Hallé* et Gilles Clément magistralement filmé par Eric Watt*.
Principe de plaisir
Ce qui frappe, dans un paysage politique, environnemental et social que l’on peut difficilement décrire comme riant, c’est la force de l’optimisme. C’est d’abord par le plaisir que les alternatives essaiment, et parce qu’elles fonctionnent. Cultiver mille variétés sur 8000 mètres carrés, ce n’est plus une utopie, Cyril Dion* nous le rappelle. Et dans les mots d’Alain Canet*, l’agroforesterie résonne comme une véritable révolution agricole, renvoyant dos à dos la pénibilité du travail du sol – devenu inutile avec la présence judicieusement choisie des arbres – et son empoisonnement aux intrants.
La terre n’est pas triste, et sa préservation n’est pas ni punitive. S’il avait fallu en convaincre, il suffisait d’écouter les invités de la table ronde consacrée aux « affaires de goût » et de saliver à l’idée de recettes concoctées par le cuisinier Gilles Daveau*, qui résume d’une phrase l’enjeu du plaisir : « on peut servir le repas le plus « bio », le mieux équilibré, s’il ne procure pas de plaisir, on ne sera pas dans le durable et on ne changera pas» ! Le vigneron Jacques Carrogey* lui fait écho : « Si on ne transmet pas l’émotion de la vie à travers le goût, on aura perdu quelque chose . C’est important de goûter les paysages, de goûter les gens avec leur nourriture ». Encore faut-il s’entendre sur une définition du goût qui ne peut être que plurielle, puisqu’elle entend précisément lutter contre l’uniformité industrielle. Promoteur du mouvement slow food à Nantes, Jean-Claude le Berre* cite Levi-Strauss : « Ce qui est bon à penser est bon à manger ». Appel à la curiosité des papilles et des cinq sens : il est du goût comme de la littérature, plus on goûte, plus on déguste, plus on a envie de tenter !
Encore faut-il que les vélléités de producteurs comme celles des dégustateurs ne soient pas bridées par l’obsession normative française et européenne, qui peut s’avérer franchement nuisible, lorsque par exemple elle intente des procès à des viticulteurs qui ne font que répéter un geste immémorial : fabriquer du vin avec la seule fermentation des raisins mûrs…
Le nouveau monde est devant nous…
Car bon nombre de ces effervescences proposées et diagnostiquées avec enthousiasme se heurtent à des règlementations qui visent à bloquer tout ce qui n’est pas explicitement autorisé, jusqu’à l’absurde. Élu EELV à Saint-Denis, adjoint à l’environnement Michel Ribay* le constate : Deux mots sont tueurs de plaisir et ravageurs d’initiative, de la cantine scolaire aux expériences dans l’espace public : «l’ hygiène» et « la gestion». La bienveillance de l’élu doit jongler face à l’empilement kafkaïen de normes, par exemple pour introduire des moutons dans la ville et remettre avec l’association Clinamen « du vivant, du plaisir et de la joie dans le quotidien».
« S’emparer d’un espace dans les politiques publiques pour des initiatives, cela ne peut venir que des citoyens », c’est l’élu qui le dit. Et Guillaume du Boisbaudry* rappelle qu’il faut parfois en passer par une « illégalité diplomatique » pour assoir sa légitimité.
La perspective politique de toutes ces germinations existe, c’est aux acteurs de la dessiner, y compris avec leurs divergences : les Décroissants, ne rechignent pas à entrer, avec des pincettes dans le jeu politique, comme les Colibris qui tentent de fédérer autour d’un programme commun. Non sans encourir parfois des procès en risque de récupération.
Mais il y a le feu au lac, chacun le pressent confusément, et la visibilité, le manifeste, l’essaimage, sont sous le signe du nécessaire.
MODÉRATEURS
Valérie de Saint-Do / journaliste et auteur
Valérie de Saint-Do a travaillé aux pages culturelles de Sud-Ouest avant de codiriger, de 2001 à 2012 la revue art et société Cassandre/Horschamp. Désormais journaliste indépendante, elle collabore à différentes publications (Stradda, Cassandre/Horschamp, Mediapart) et avec différentes institutions et associations culturelles : Maison du conte de Chevilly-Larue, Parti Poétique, projet européen Mécanismes pour une Entente initié par l’association Point Barre à Bordeaux. Elle est également chargée de cours à l’Université Paris 8 – St-Denis et Paris 3 – Sorbonne nouvelle. Elle a organisé avec le Parti Poétique deux jours de rencontres à l’Académie Fratellini : Habiter autrement en juin 2012 et l’Autre campagne en novembre 2012, avant de prendre en charge le contenu éditorial du journal HUM ! édité dans le cadre de la Cantine du Voyage.
Romaric Perrocheau / directeur du Jardin des Plantes de Nantes
Côtoyant le monde agricole au sein de sa famille, ayant suivi une solide formation en matière d’environnement (Ecole des Eaux et Forêts) et possédant une expérience de naturaliste de terrain, Romaric Perrocheau aime croiser les aventures : on le retrouve parfois conteur dans les arbres avec la compagnie Port Libre, ou alors botaniste avec l’aéroflorale de la compagnie la Machine, mais aussi maître de cérémonie lors d’un mariage laïc et encore conférencier sur la nature en ville à Chaumont sur Loire… Associant connaissances et une certaine aisance en public, il cherche avant tout à titiller, intéresser son auditoire en tentant en permanence de démystifier et de démythifier avec humour des notions apparemment réservées aux spécialistes… de la spécialité ! Attaché aux poids des mots, à l’impact de la parole, il veille à ce que chacun puisse s’exprimer, car comme le dit le proverbe africain, il est vital de dire ce que l’on pense : « une bouche trop longtemps fermée finit toujours par moisir ».
TABLE RONDE « PRATIQUES AGRICOLES »
Roland Vidal / ingénieur de recherche à l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles
Docteur ès Sciences de l’Environnement, Roland Vidal est ingénieur chargé de recherche et d’enseignement à l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles (ENSP). Son enseignement porte sur les relations entre la ville, l’agriculture et le paysage, thématique qui est également au centre de ses activités de recherche. Celles-ci se veulent opérationnelles et se font en collaboration avec des architectes, des paysagistes et des agronomes, avec lesquels il a fondé le Collectif d’enseignement et de recherche en agriurbanisme (CERAPT) et projet de territoire. Le CERAPT s’est donné comme objectif la formation des compétences nécessaires à l’aménagement des zones d’interface entre la ville et l’agriculture. Membre du laboratoire de recherche de l’ENSP (LAREP), il collabore également avec l’UMR SADAPT (INRA-Agroparistech).
Guillaume Douaud / co-gérant de la Ferme de Mareil (La Chapelle Launay – Loire-Atlantique)
La Ferme de Mareil est une exploitation en agriculture biologique fruit de la rencontre entre des hommes (Alice et Guillaume Douaud), un manoir XVIIIème (Mareil) et un territoire (les marais de l’estuaire de la Loire). L’élevage bovin a, dès sa création en 2008, décidé de valoriser dans sa globalité cet environnement privilégié en y associant un fonctionnement symbiotique entre les animaux, le milieu naturel et une cohérence économique. En effet leurs animaux, en pâturant durant 8 mois sur les marais de l’estuaire, contribuent à son entretien tout en produisant une viande de qualité remarquable commercialisée directement auprès des consommateurs sur le site de Mareil. Il est important pour eux de faire connaitre ce territoire et d’en partager les ressources. C’est ainsi qu’ils convient, chaque année au début du printemps, le public à la Transhumance du troupeau sur les îles de l’estuaire.
Olivier Darné et le Parti Poétique
Depuis le travail d’Olivier Darné son initiateur, le Parti Poétique est un regroupement d’artistes, de penseurs et de faiseurs réunis autour de questions et d’abeilles qu’ils posent dans l’espace public. Ce collectif, interroge le quotidien et ce notamment, par l’intermédiaire de l’art et des ressources des territoires. À travers le projet artistique la Banque du miel, le Parti Poétique met en chantier un projet de recherche transdisciplinaire qui interroge la ville en croisant différents champs du langage de la création contemporaine. À partir de propositions artistiques et d’installations dans l’espace public et avec l’abeille comme médium et moyen de prospection, s’engage au sein du projet artistique une mission de collectes diverses. Depuis son centre d’expérimentations artistiques et environnementales Zone Sensible à St Denis (93), il réunit une équipe permanente de quatre personnes qui « s’agrandit » selon la nature et la spécificité des projets, dont le thème de recherche en 2013 s’intitule l’Autre campagne. Dans le cadre de la Cantine du Voyage, Olivier Darné réalise avec Emmanuelle Roule, graphiste et conceptrice associée de la Banque du miel, les « images message » présentes dans la cantine ainsi que le journal HUM !.
Cyril Dion / co-fondateur et porte-parole du mouvement Colibris, directeur de la rédaction de Kaizen magazine, conseiller éditorial chez Actes Sud,
collection « Domaine du possible »
Cyril Dion a une formation d’art dramatique et de médecine naturelle (réflexologie plantaire). Après une carrière de comédien, il s’est reconverti dans l’humanitaire. Il a été coordinateur de projet et directeur éditorial à la Fondation « Hommes de Parole » pendant quatre ans. Il s’est occupé en même temps d’un congrès israélo-palestinien en Suisse, du Premier et du Deuxième Congrès Mondial des Imans et Rabbins pour la Paix à Bruxelles et à Séville. Il est directeur depuis 2007 de l’ONG Colibris-Mouvement pour la Terre et L’Humanisme (Coopérer pour changer). Ce mouvement fondé par Pierre Rabhi en 2006, est une plateforme de rencontre ou d’échange pour tous ceux qui veulent agir pour une société plus juste en développant des solutions alternatives. Cyril Dion, homme engagé, défend inlassablement la planète. En 2010, il a co-produit avec Colibris le film de Coline Serreau « Solutions locales pour un désordre global ». En 2011, il crée chez Actes Sud la collection « Domaine du Possible » pour laquelle il est conseiller éditorial. Il est par ailleurs le directeur de la rédaction du magazine Kaizen.
TABLE RONDE
« LES TERRAINS DE RÉSISTANCE »
« Éloge de l’arbre » / film de Éric Watt, 2012
« Éloge de l’arbre » film réalisé par Éric Watt, est un manifeste poétique et écologique, d’après un texte paru dans
« les carnets du paysage » de Gilles Clément. Deux humanistes, Francis Hallé et Gilles Clément, discutent à une
table, tandis que le soir tombe. Ils évoquent la singularité des arbres et des hommes, le jardin planétaire, le nécessaire espoir, l’alternative possible à ce monde. Tandis qu’un arbre change au gré des quatre saisons, qu’une femme devient plante et s’immerge dans un jardin avec les autres végétaux (une performance de Anne de Sterk), tandis que des marcheurs par centaine se mettent en route sur un nouveau chemin… les deux hommes inventent un autre monde.
Éric Watt / artiste, vidéaste et plasticien
Le travail d’Eric Watt est un point de rencontre entre les champs des arts plastiques, du cinéma et du documentaire invitant le spectateur à une réflexion sociale, poétique et politique. S’attachant souvent à un territoire donné, il forme des communautés de travail composées de personnes rencontrées au cours de ses créations, qui sont autant « d’émetteurs-récepteurs » (comme il les qualifie lui-même), d’un quartier, d’une ville, d’une époque.
Alain Canet / directeur de l’association « Arbre et Paysage 32 » (Gers), Président de l’Association française d’agroforesterie (AFAF), Directeur de la collection « Arbres en campagne » chez Actes Sud
Fils de paysan, conscient des ravages de l’arrachage des haies, Alain Canet est un chercheur militant en faveur d’une conversion agricole autour de l’arbre. Il promeut l’agroforesterie qui veut imiter le modèle de la forêt : cultiver plusieurs plantes, tout au long de l’année, avec des arbres au-dessus d’elle, facilitant ainsi l’autofertilité et limitant l’utilisation d’intrants. L’association « Arbre et Paysage 32 » est un opérateur de terrain pour les arbres « de pays » et l’agroforesterie. Elle s’investit depuis 1990 dans des missions de recherche et développement, conçoit et accompagne la réalisation de plusieurs centaines de projets d’aménagement chaque année. Depuis 2007, l’AFAF travaille au développement de l’agroforesterie en France, aussi bien sur la scène agricole, politique qu’auprès du grand public. L’association est une plateforme d’échanges et de partenariat entre les agriculteurs, les opérateurs de l’arbre champêtre, la recherche, les décideurs politiques et les collectivités.
Yves Gillen / jardinier, « Les Jardins du Marais », Herbignac (Loire-Atlantique)
Yves Gillen est le propriétaire des « Jardins du Marais » situé en plein cœur du marais de Grande Brière Mottière. Un jardin original rempli de charme où les légumes du potager côtoient les plantes aromatiques. Yves Gillen met un point d’honneur à utiliser des outils manuels et à jardiner dans le respect de la nature. Associations de cultures, paillages, compostage, rédaction de ses pratiques dans un cahier… sont autant de principes mis en œuvre par ce jardinier. Apprenant à se nourrir des produits de son jardin, en respectant la nature, il a utilisé parmi les premiers les énergies solaire et éolienne, adapté ses besoins à ce qu’il pouvait produire et construit sa maison avec des matériaux de récupération. Au travers du livre Les affranchis jardiniers, un rêve d’autarcie, Yves Gillen a témoigné sur son mode de vie et transmis son savoir.
Thierry Boutonnier / artiste
Né en 1980 dans le sud-ouest, Thierry Boutonnier a grandi dans l’élevage laitier de ses parents. Il finança ses études à l’école nationale des beaux-arts de Lyon et à l’université Concordia à Montréal en exerçant l’activité d’ouvrier agricole. Diplômé en 2005, il s’aventura au Portugal, au New-Jersey, en Basse-Normandie et dans le Tarn. La culture agricole traverse l’ensemble de son travail artistique qui utilise tous les médiums : performances, installations, photographies, objets, processus… Dans ses Objectifs de production, il réalise ainsi ses autoportraits en manager expliquant les objectifs de production laitière aux vaches ou négociant avec les ragondins une filière de valorisation de leur espèce. Dans ses Écosystèmes, il explore les notions de sauvage et de domestique : il suit par exemple la piste des renards à Paris aux côtés d’éco-éthologues dans le cadre de son oeuvre Vulpes vulpes ou la probable rencontre de renards roux. C’est également le terreau de son projet Prenez racines ! à Lyon dans lequel il propose aux habitants de mettre en œuvre une pépinière urbaine de 2010 à 2016.
Vincent Liegey / porte-parole du Parti Pour la Décroissance
Diplômé ingénieur généraliste, Vincent Liegey a travaillé dans la recherche à la Nouvelle Orléans, dans la diplomatie et les coopérations à Budapest en Hongrie, il a aussi été cadre sécurité ferroviaire à la gare de Paris Austerlitz.
Il a rejoint le Parti Pour La Décroissance en 2008 et est devenu l’un des porte-paroles nationaux. Vincent Liegey est l’un des co-auteurs du livre « Un projet de décroissance – Manifeste pour une dotation Inconditionnelle d’Autonomie », préfacé par Paul Ariès paru en 2013 aux Editions Utopia. Vivant aujourd’hui à Budapest, il effectue un doctorat à l’Université d’Economie et participe à la création d’un centre de recherche et d’expérimentation sur la Décroissance et la transition.
SAVOIR ENFIN QUI NOUS BUVONS / Apéro-dégustation-one-man-show de Sébastien Barrier
Savoir enfin qui nous buvons est une dégustation de vins honnêtes et buvables commentée par Sébastien Barrier. Ce premier millésime sera consacré à la découverte de sept vins du Val de Loire (Muscadet, Anjou, Touraine, Cheverny…), mais aussi et surtout aux sept personnes qui les produisent, toutes et tous amis du locuteur.
À chaque vin goûté, un portrait et un paysage, des façons de faire, de penser, de vivre, de travailler, dévoilés par les photos de Yohanne Lamoulère et les mots de Sébastien Barrier. Guère plus qu’un apéro, ludique, vivant, informatif, enivrant, qualitatif, touchant et drôle, Savoir enfin qui nous buvons emprunte à la fois à la dégustation commentée, à l’apéro documenté, au récit d’expérience, à l’affirmation et au partage d’un goût, au prêche de bistrotier, au dévoilement de portraits, au carnet de voyage, à la succession de récits, à la célébration du présent, à l’ode à l’ivresse, à la performance de camelot, à la conférence œnolo-ludique et à la lecture.
De et avec Sébastien Barrier, et les vignerons et vigneronnes Marc Pesnot, Agnès et Jacques Carroget, Jérôme Lenoir, Agnès et René Mosse, Pascal Potaire et Moses Gadouche, Thierry et Jean-Marie Puzelat et Noëlla Morantin.
Tâtonnements traversés par les regards de Catherine Blondeau, Benoît Bonnemaison-Fitte et Laurent Petit.
Photographies – Yohanne Lamoulère / Picturetank / Typographie – Bonnefrite / Accompagnements – L’usine (Tournefeuille / Toulouse Métropole) – Le Channel, scène nationale de Calais. Le Grand T, théâtre de Loire-Atlantique- Le Carré/Les Colonnes, scène conventionnée, Saint Médard en Jalles – Les Pronomades en Haute Garonne, centre national des arts de la rue, Encausse les Thermes – Culture O centre, ateliers de développement culturel en Région Centre – La Paperie, Centre national des arts de la rue, Saint Barthélémy d’Anjou.
TABLE RONDE « AFFAIRES DE GOÛTS »
Jacques Carroget / viticulteur, Domaine La Paonnerie, Anetz (Loire-Atlantique)
Issus d’une longue lignée de vignerons, Jacques et Agnès Carroget convertissent leurs parcelles de vignes en Agriculture Biologique en 1997 et s’engagent désormais vers la culture en biodynamie. Situées idéalement sur la zone limitrophe entre l’Anjou et le Pays Nantais, le long de la Vallée de la Loire, leurs parcelles bénéficient de sols dont la roche mère est typique des schistes d’Ancenis : des schistes carbonifères, de la roche volcanique et des micro granites. Les vignes sont âgées pour la plupart de 20 ans à plus de 60 ans et on y trouve également une parcelle de vignes centenaires. Cette combinaison de vignes âgées, de la nature des sols et d’une exposition favorable confère à leurs vins
un grand potentiel qualitatif. Leur production annuelle de 150 000 bouteilles bénéficie des trois appellations majeures (AOC) que sont le Muscadet Coteaux de la Loire, l’Anjou Coteaux de la Loire et l’Anjou Village. Ils proposent également des vins Gamay Coteaux d’Ancenis sans soufre.
Olivier Durand / maraîcher, Les Sorinières (Loire-Atlantique)
Olivier Durand est un maraîcher installé aux Sorinières, près de Nantes. Formé en Suisse comme ingénieur agronome, puis voyageur en Côte d’Ivoire, Québec, et Japon, il accumule les expériences avant de créer sa propre exploitation. Labellisées Agriculture Biologique, ses productions poussent sur un demi-hectare de sol toujours couvert où des cultures associées éloignent les parasites.
Du Japon, il a ramené des légumes tels que le daïkon, un gros radis blanc, le kabu, un navet, le taasaï, un chou, la mizuna, une salade ou encore le shiso, une roquette, qui poussent tout à côté des grands classiques, que sont pommes de terre, épinards, bettes, tomates et courgettes. Il cultive également la Chantenay, variété de carotte locale délaissée du maraîchage nantais. Ses légumes, 50 espèces, 170 variétés, font le régal de ses clients en vente directe bio, et rendent heureux de grands restaurants parisiens ou notamment, L’U.Ni et Lulu Rouget.
Jean-Claude Le Berre / membre fondateur de « Slow Food Nantes »
Ancien journaliste maritime et agricole, Jean-Claude Le Berre est membre fondateur de « Slow Food Nantes – Les P’tits Beurrés Nantais » créé en 2006 à l’occasion de la fête de la vache nantaise et des races locales, et dans la droite ligne d’un débat public qui y était organisé sur le thème de la valorisation des races locales. « Slow Food Nantes » valorise et promeut les races et variétés de vaches nantaises, Bretonne Pie Noir, Rouge des prés (viande AOC Maine-Anjou), de Porc Blanc de l’Ouest, de moutons Landes de Bretagne et Belle-Ile, de poules Coucou de Rennes et Noires de Challans, sans oublier la carotte de Chantenay. « Slow Food Nantes » favorise le rapprochement entre producteurs, mangeurs et restaurateurs par l’organisation d’ateliers du goût, de visites de terrains, de sorties gastronomiques associant producteurs et restaurateurs dans le plaisir et la convivialité.
Gilles Daveau / spécialiste de cuisine biologique et alternative
Gilles Daveau est formateur, auteur et conférencier, spécialiste de cuisine biologique et alternative. Il anime des cours et stages de cuisine depuis 1987 et des formations professionnelles depuis 1997. Il a exercé les activités de cuisinier, restaurateur et traiteur bio certifié, en région Nantaise de 1988 à 2010. Il se consacre à faire découvrir les savoir-faire des cuisines végétariennes gourmandes et du monde, sans prôner le végétarisme, mais plutôt comme une ouverture pour renouveler et diversifier les habitudes alimentaires. C’est une contribution pour se nourrir autrement, choisir et encourager des agricultures durables, s’orienter vers des produits plus locaux, plus proches des saisons, plus complets et faire une place aux protéines végétales dans une alimentation qui reste plaisante et accessible à tous.
Il publie en octobre 2011 Le manuel de cuisine alternative, une nouvelle approche du livre de cuisine : une véritable méthode, avec des repères, pour évoluer vers une qualité globale dans l’alimentation du quotidien.
TABLE RONDE « DES SILLONS À CREUSER »
Guillaume du Boisbaudry / directeur de la revue Nécessaire (Art, philosophie, littérature)
Il est depuis 2012 directeur de recherche à l’Institut des hautes études en arts plastiques (Iheap). Il voyage en France et à l’étranger (Pologne, Écosse) et observe des expériences réalisées issues d’utopies comme le jardin-forêt de Steve Page, les propositions architecturales d’auto-construction en forêt du mouvement Reforesting Scotland, ou alors les expériences de culture forestière et de forêt communautaire de Croft 7 près d’Inverness.
Dominique Leroy / artiste et référent projet de l’association ECOS (Nantes)
Il utilise différents modes d’expression dans les domaines visuel et sonore. L’artiste imagine des dispositifs bricolés, des processus collaboratifs qui associent notre expérience sensible de l’espace, notre rapport à la technologie et aux réseaux de communication, l’architecture, le paysage et les développements urbains. Il collabore avec des artistes, des architectes/urbanistes, graphistes, paysagistes, philosophes, chercheurs en sciences sociales et acteurs de l’économie sociale et solidaire. Dominique Leroy est membre fondateur d’ECOS, projet transdisciplinaire qui s’appuie sur la recherche scientifique et l’action culturelle pour interroger et mettre en perspective les interactions entre technologie, écologie et économie. L’action du collectif est centrée sur les trois disciplines suivantes : « Art, écologie urbaine, pratiques de voisinages », L’équipe rassemble autour d’elle une trentaine de membres actifs et fédère un réseau de 300 personnes, autour de cinq ateliers : Agriculture urbaine, Bricolages urbains, Cuisine nomade, Lutherie Bling et Péconomie.
Michel Ribay / adjoint au maire de Saint-Denis, délégué à l’écologie urbaine et à l’éducation à l’environnement, rédacteur-graphiste
Militant associatif, élu depuis 2008, membre d’Europe Écologie-Les Verts, il accompagne les initiatives multiples et diversifiées, tant citoyennes qu’institutionnelles, sur le territoire en matière d’agriculture urbaine et de réintroduction de pratiques paysannes en ville.
Il est membre de la coopérative citoyenne et politique Utopia, laboratoire d’idées et mouvement transparti à gauche qui dénonce le dogme de la croissance, le consumérisme et la centralité de la valeur travail comme seule organisation de la vie sociale.